Michel Deslandes

Michel Deslandes juste pour rire...

Nom :
Lieu : Saint jean d'Angély, Charente Maritime, France

samedi, mars 04, 2006

Les eaux maudites

Les eaux maudites

Juste avant de mourir le vieux sorcier fit une bien étrange prédiction, et il demanda que ses derniers mots soient gravés sur sa tombe.
Tous ceux qui étaient autour de lui à ce moment la ne purent s’empêcher de rire aux éclats malgré l’immense tristesse qui les envahissait. On y pensa plus. Seul le tailleur de pierres au moment de lever la pierre tombale se souvint du vœux du vieux.
Il prit ses outils et le sourire aux lèvres il grava l’étonnante épitaphe. Et pendant des siècles, dans les marais du coté de Dampierre , endroit que le vieux sorcier avait choisi pour établir sa dernière adresse, s’éleva une pierre qui portait une l’étrange professie.
Qu’il ait décidé de s’installer dans les marais pour son dernier sommeil arrangeait tout le monde. Surtout Monsieur le curée qui ne voyait pas
d’un bon œil le vieux sorcier prendre place dans son cimetière et continuer ainsi à exercer son influence sur ses ouailles par de la la mort.
Sa tombe fut donc érigée en plein marais, loin de tous.
Pendant le tout premier siècle de son sommeil il ne se passa rien .Un pêcheur de temps en temps qui ne jetait même pas un regard à la pierre levée.
Pendant le deuxième siècle les hommes décidèrent de creuser des canaux pour que les eaux d’automne et de printemps retournent à la Boutonne et libèrent les berges de la rivière à leurs animaux .Et pendant deux siècles ou trois la pierre n’eut pour seule compagnie (et encore que l’été ) des vaches qui prirent vite l’habitude de venir se frotter les flancs sur elle quand les taons les soirs d’orages devenaient trop agressifs. C’est sans doute par ce traitement trop souvent répété que le texte commença à s’estomper.
Pendant un hiver particulièrement rigoureux au moment du dégèle ,alors que la terre « travaillait » en redonnant l’eau qu’elle avait bu , la pierre bascula. A partir de ce moment plus aucun animal ne pu venir se frotter. Elle était devenue une sorte de petit banc blanc allongé sur le sol ou seuls les gnomes de rivière venaient s’asseoir les soirs de juin.
Des Fresnes poussèrent tout autour d’elle et elle demeura cachée des regards pendant encore un siècle, noyée dans la végétation de la palisse.
Les hommes reprirent leur travail, ils arrachèrent tous ces arbres inutiles et plantèrent de grands peupliers sans doute plus rentable.
C’est un soir de grande tempête quand le peuplier le plus proche d’elle se renversa qu’elle glissa dans le trou qui ne tarda pas à se remplir de vase. Elle avait disparu de la surface du sol , plus rien sur cette terre pour rappeler la présence sur ces terres quelques siècles plutôt d’un étrange sorcier et de sa pofessie ridicule .


Elle « dormit » sous quelques centimètres de terre pendant encore quelques dizaines d’années. Quand, un beau matin elle se sentit arrachée de son trou par une force fantastique Elle se promena dans les airs quelques secondes avant d’être rejetée lourdement sur ce qui allait devenir la berge d’un fossé destiné à vider le marais au plus vite après les pluies de printemps. Dans le bruit de tonnerre de la pelleteuse elle se retrouva mélangée à la terre qui formait un cordon le long de ce nouveau fossé .Comme chacun sait, il faut libérer la terre au plus vite des eaux sauvages si on veut pouvoir faire les semailles.
Le tracteur chargé d’étendre cette terre entassée sur le bord du fossé la fit basculer dans le lit de la boutonne.
Pendant des années elle n’eut comme seuls visiteurs que les brochets qui se mettaient en embuscade derrière elle et qui avez, gravé sous leur long becs, la professie du mage du passé.

Aout 2005
-Hé ! regarde à coté du tuyau de pompage, qu’est ce que c’est ce truc blanc ?
-T’occupe ! Améne l’épuisette il y a des tanches en train de crever par ici. Si on fait assez vite on va pouvoir les sauver.
-Non viens voir on dirait une grosse pierre taillée…Y a un truc de gravée dessus !

C’est comme ça que l’été dernier en essayant de sauver les derniers poissons en train d’agoniser qu’avec mon pote on a retrouvé la pierre . Elle était derrière le « forage » destiné à alimenter les rampes d’arrosage des champs de maïs qui occupent désormais le marais. Après quelques minutes d’efforts la pierre était totalement dégagée et le texte apparu à nos yeux étonnés.
Je me souviens de cet instant très précisément car mon regard croisa les yeux de mon camarade, mais je ne vis ni rire ni sourire.
Ah ! C’est vrai.
Qu’y avait-il d’écrit sur cette pierre ?
« Quand t’auras tout bu, y’en aura plus
Alors comme moi tu crèveras »
C ‘est vrai qu’à l’époque où cette étrange épitaphe a été gravée on pouvait en rire…


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